Il y a un moment déjà que je voulais reprendre mon carnet de voyages pour continuer de vous raconter mon road-trip à Cuba. Lors de la phase de préparation de l’itinéraire, il y avait deux villes que je ne voulais manquer sous aucun prétexte : La Havane et Trinidad. Même si tout ne s’est pas toujours passé comme nous l’espérions, nous y a avons quand même fait de belles découvertes. Et j’avais comme une impression que Trinidad ne me décevrait pas. Avec un peu de recul, je suis bien contente d’avoir fait confiance à mon instinct.

Située dans la province de Sancti Spiritus au centre de l’ile sur la côte Sud, Trinidad c’est un peu la carte postale de Cuba. Traditions ancrées, architecture coloniale, rues pavées et voitures anciennes, tout (ou presque) nous donne cette sensation palpitante d’avoir remonté le temps. Ce n’est donc pas un hasard si le centre-ville de Trinidad est depuis 1988 inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Récemment restaurée, elle fait partie des villes coloniales les mieux conservées de l’ile. En plus d’un passé historique dense, Trinidad bénéficie également d’une position géographique très avantageuse à deux pas de la mer et des montagnes.

Maintenant que l’histoire et la géographique de Trinidad n’ont plus de secrets pour vous, revenons à l’essentiel : le voyage. Souvenez-vous, on s’était quitté sur le récit de l’étape à Cienfuegos en passant par les cascades d’El Nicho.

Jour 6

Nous sommes les derniers à quitter le taxi collectif, après que le chauffeur ait abandonné l’idée de nous déposer devant la porte d’entrée de notre Casa. A sa décharge, il faisait une chaleur de plomb et après avoir tourné en vain dans la ville plus la crevaison du pneu, il devait surement avoir hâte de rentrer chez lui. C’est donc plein d’ambition que nous partons à la recherche de notre logement, à pieds, nos sacs de 40L sur le dos. Il ne se passe que très peu de temps avant que nous soyons repérés par des vendeurs prêts à tout pour nous offrir le gite et le couvert. Après une bonne demi-heure de marche, on découvre enfin notre lieu de résidence : un petit studio au fond d’un jardin dont la terrasse donne sur une grande maison, surement la demeure principale. Nous ne sommes pas déçus du logement qui est plutôt fonctionnel. En revanche, nous avons un petit pincement au cœur en pensant à Mercedes et Anaïs, nos hôtes de Cienfuegos. Notre propriétaire n’était pas désagréable pour autant, mais beaucoup moins solaire.

A peine les formalités administratives terminées que nous voilà partis à la rencontre de la belle Trinidad. Une des premières choses qui me marque c’est l’ambiance de la rue. Que ce soit pour discuter, jouer aux cartes, au ballon, écouter la musique, parfois même regarder la télé ; tout se passe dans la rue. En tout insouciance. Inutile de préciser à quel point cela nous fait du bien d’assister à ce genre de scènes de vie malheureusement trop éloignées de notre quotidien. Notre logement n’étant pas situé en plein centre, nous continuons notre petite marche de découverte jusqu’à atteindre le cœur historique de Trinidad : la plaza Mayor. On peut considérer cette place comme l’héritage du passé colonial de Cuba. Bien qu’elle ait récemment fait l’objet d’importantes rénovations, on ne peut s’empêcher de rêvasser en imaginant les scènes de vie de l’époque. En son centre un petit jardin depuis lequel se dresse de majestueux palmiers. Ce qui étaient à l’époque des palais ou des maisons coloniales ont depuis été reconverties en musées dont les principaux sont le Musée Romantique, le Musée de l’Architecture Coloniale. Le Musée National de la Lutte contre les Bandits offre également un joli panorama sur la ville depuis son clocher.

En voyage de manière générale, il est assez facile de perdre la notion du temps. C’est en voyant les derniers rayons du soleil se coucher que nous prenons conscience que le début de soirée commence et qu’il serait peut être bien de commencer à chercher de quoi manger. Il faut dire que depuis notre départ d’El Nicho, nous n’avons rien avalé de consistant. On se met alors en quête d’un restaurant pour calmer nos estomacs qui commencent à crier famine et notre dévolu se jette sur le Terraza Trinidad Colonial. Situé à deux pas de la place Major, ce restaurant dispose d’une belle terrasse au dernier étage permettant aux clients de déguster des bons plats avec une jolie vue sur la place.

Jour 7

Le programme de cette deuxième journée était plutôt simple : farniente à la plage. Après une bonne grasse mat’ et un n-ième petit déjeuner cubain (ils se ressemblent vraiment tous), nous demandons à notre hôte son contact pour louer des vélos. Déjà plusieurs jours que la dépendance aux taxis collectifs et compagnie de bus nous pèse. Cette escapade à vélo jusqu’à Playa Ancon représente pour nous une liberté et une autonomie qui nous manque à mesure que les jours passent. Le vendeur nous demande 24 CUC pour la location de 2 vélos à la journée, un prix relativement honnête. Nous étions tellement pressés de partir que nous n’écoutons pas vraiment les indications et conseils qui nous ont été donnés. Et je ne fais pas non plus attention que le vendeur de vélos me rend la monnaie en CUP, dont la valeur est 25 fois inférieure au CUC… Comme je vous l’avais expliqué dans mon tout premier article sur Cuba, les arnaques à la monnaie sont fréquentes si vous n’êtes pas attentifs.

A bord de notre vélo, nous longeons la seule route accessible à la sortie de Trinidad. Pratiquement personne sur les routes, juste nous et nos vélos. Je m’arrête toutes les 5 minutes pour prendre des photos des paysages au grand désespoir de mon Amoureux. Très vite, nous rejoignons la côte et la première plage que nous croisons est celle de la Boca, qui ne nous inspire pas franchement. On préfère continuer notre chemin en attendant de trouver le spot qui nous fera chavirer. Sur la route, nous croisons quelques beaux endroits, mais on ne s’y arrête pas en pensant que Playa Ancon sera plus jolie. Et quelle ne fut pas notre déception lorsqu’après 12km de route, nous arrivons sur un morceau de plage dénué de charme et surtout dégradé par l’affluence des touristes… Nous n’avons pas beaucoup réfléchi avant de rebrousser chemin avec l’idée de s’installer sur un spot repéré à l’aller.

Après 3 petits km supplémentaires, nous posons nos vélos sur une petit bout de plage aux antipodes de celui que nous venions de voir : calme, propre et charmant. On se dépêche d’installer les anti-vols de nos vélos et on se jette à l’eau pour rafraichir nos corps en plein effort depuis quand même depuis 1h30 sous un soleil de plomb. Notre après-midi consiste à alterner entre bronzettes sur la plage et trempettes dans l’eau turquoise entrecoupée de quelques siestes. Malheureusement, le ciel qui ne fait que s’assombrir nous pousse à quitter ce petit coin de paradis pour retrouver la ville. Contrairement au trajet aller, le retour me parait interminable. Nous avions modifié notre itinéraire en pensant gagner un peu de temps, mais ce fut un véritable fiasco. Je peux vous dire que j’étais contente d’arriver après ces 2h de vélo! En guise de récompense nous sommes allés manger au Cubita sur les recommandations de notre Guide du Routard. Le cadre est plutôt sympathique et les plats plutôt corrects, à l’exception de la langouste de Monsieur qui ne semble pas de première fraicheur à en juger par sa texture et son gout.

Jour 8

11h. Comme à notre habitude, on s’installe sur la terrasse ensoleillée de notre casa pour le petit-déjeuner lorsqu’on réalise (avec un peu de nostalgie) que nous entamons déjà notre dernière journée. A ce moment-là, nous prenons également conscience que nous n’avons pas franchement profité de Trinidad… On décide alors de consacrer notre dernière journée à se balader dans la ville pour essayer d’en voir le maximum. En sortant, les rues nous paraissent étrangement désertes. On fait un petit crochet dans une supérette pour recharger notre stock de bouteilles d’eau, mais à notre grande surprise le magasin est fermé. Bizarre, pourtant nous sommes mardi. On tente notre chance dans une autre supérette, qui nous répond qu’elle est déjà en rupture de stock aujourd’hui… Bizarre, il est à peine midi. On demande alors naïvement ce que cette journée a de particulier et le commerçant nous répond – quelque peu étonné par notre question – que c’est la Fête du Travail.

Effectivement, la plazza Carillo sur laquelle nous arrivons est pleine de monde et cette fois-ci ce n’était pas juste pour le point d’accès au Wifi. De cette place émane une véritable ambiance de fête, dont il serait bon que nos célébrations nationales s’inspirent un peu plus. Avec de la musique cubaine en fond sonore associée au talent inné des cubains pour la danse, je vous laisse imaginer l’énergie. Même si la grande majorité des commerces et restaurants sont fermés pour l’occasion, les fast-food quant à eux, sont pleins à craquer. Dans un éclair de lucidité, on se dit alors que si toute la ville est en train de faire la fête, c’est peut-être le bon moment pour partir à sa rencontre. On passe rapidement à la gare routière pour réserver les billets de notre prochaine étape à Santa Clara avant de nous diriger vers la plazza Mayor avec l’intention d’admirer les hauteurs de Trinidad à travers le clocher du Musée de la Lutte contre les Bandits.

A notre arrivée, nous déchiffrons le petit mot accroché sur la porte d’entée qui semble dire que le musée est exceptionnellement fermé aujourd’hui… Bon, c’était à prévoir un jour férié, mais tant pis. Après tout, il y a pleins d’autres choses à voir. On décide alors de s’engager dans les ruelles adjacentes à la Plaza Mayor pour laisser l’âme de Trinidad s’infuser encore un peu plus dans nos yeux et notre esprit. Notre itinéraire improvisé nous emmène jusqu’à la Plaza Santa Ana qui présente l’avantage d’être complètement délaissée par les touristes, ce qui rend la balade encore plus agréable. On pousse la balade jusqu’à la Calle Sto Domingo, petit quartier résidentiel essentiellement composé de Casa Particular aux façades arc-en-ciel. Après plusieurs heures de vadrouille, nous nous installons en début de soirée sur les marches de la Plaza Mayor pour assister à un concert live. Objectivement, je ne pense pas qu’on aurait pu conclure ces 3 jours d’une meilleure façon. Trinidad, je t’aime.

J’espère sincèrement que ce récit vous aura plu. Déjà 1 an et demi que nous sommes partis, mais cela m’a confortée dans l’idée qu‘un voyage aussi marquant et dépaysant que Cuba vaut la peine d’être bien digéré pour pouvoir être partagé à sa juste valeur. On se retrouve très bientôt pour (enfin) clôturer ce road-trip avec un dernier article consacré à La Havane. D’ici là, je vous laisse sur les morceaux du Buena Vista Social Club qui m’accompagnent à chaque article que j’ai écris sur Cuba.


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